13 décembre 2024
L’année 2024 est en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée, avec un dépassement temporaire du seuil critique de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Selon le rapport publié par le Programme des Nations Unies pour l'environnement, les engagements actuels des États laissent présager un réchauffement de +2,6 à +3,1 °C d’ici la fin du siècle. Les objectifs sont toujours ceux de l’Accord de Paris, c’est-à-dire limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C, et si possible à 1,5 °C. Chaque COP essaie de faire progresser l’ambition dans cette direction.
C’est dans ce contexte critique que la COP29, la 29e Conférence des Parties sur les changements climatiques, s’est tenue à Bakou en Azerbaïdjan du 11 au 24 novembre 2024. Marquée par une présidence controversée, des tensions politiques mondiales exacerbées par le retour du climatosceptique Donald Trump, et des finances publiques sous pression en Europe, cette COP avait pour objectif principal de définir le nouvel objectif de financement climatique (New Collective Quantified Goal, NCQG), c’est-à-dire de s’accorder sur la financement de la transition verte des pays en développement (objectif fixé dans le cadre de l’Accord de Paris).
La COP29 est-elle parvenue à débloquer des financements face à l’urgence climatique ? C’est l’heure du bilan.
Le choix de Bakou comme hôte a fait polémique. Le président de la COP29, Mukhtar Babayev, est un ancien cadre de la compagnie nationale de pétrole, la Socar (State Oil Company of Azerbaïdjan Republic). Ce choix symbolique reflète l’ambiguïté de la position de l’Azerbaïdjan, qui tire une grande partie de son économie de l’exploitation des énergies fossiles. Des critiques ont ainsi été émises concernant le bilan environnemental et les atteintes aux droits humains en Azerbaïdjan. Pour de nombreux observateurs, cela a compromis la crédibilité des négociations et permis à certains intérêts économiques de dominer les débats.
Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, a ouvert la deuxième journée de la COP29 en défendant le droit des pays à exploiter leurs ressources pétrolières et gazières : « Toute ressource naturelle, pétrole, gaz, vent, solaire, or, argent, cuivre: ce sont des ressources naturelles et on ne doit pas reprocher aux pays d'en avoir et de les fournir aux marchés, car les marchés en ont besoin ». En tant que pays hôte de la COP29, « nous serons également des farouches défenseurs d'une transition verte. […] Mais nous devons dans le même temps être réalistes », a souligné le dirigeant.
La principale avancée de cette COP29 concerne le nouvel objectif de financement climatique. Les pays industrialisés - pollueurs historiques - se sont engagés à mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 à destination des pays en développement, afin qu’ils puissent financer leur transition écologique et à s’adapter aux impacts du changement climatique. Ce montant remplace le précédent fixé à Copenhague en 2009, où les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Selon l’OCDE, cet objectif a été atteint en 2022 (avec 116 milliards de dollars), mais le retard de deux ans ainsi que le manque d’accessibilité à ses financements a contribué à l'érosion de la confiance collective.
Ces 300 milliards de dollars annuels sont jugés très insuffisants, bien en dessous des 1000 milliards réclamés par les pays en développement. De plus, la nature exacte des contributions (dons ou prêts) reste floue, et les petits États insulaires ont exprimé leur frustration face au manque de garanties concrètes. Les pays développés souhaitent également avoir une forme de contrôle sur l’utilisation de ces fonds, tandis que les pays du Sud insistent sur leur droit à décider de l’utilisation de cet argent, qu’ils perçoivent comme une réparation historique plutôt qu’une aide.
Lors de l’accord de Copenhague, les pays développés tels que définis en 1992 dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ont assumé la responsabilité de l'objectif de 100 milliards de dollars ; l'OCDE suit ainsi les flux provenant de 39 pays, dont les membres de l'OCDE en 1992, ainsi que des autres États membres de l'Union européenne, le Liechtenstein et Monaco. Mais cette liste n’a pas été revue depuis 32 ans ; et les capacités de paiement et responsabilités dans le changement climatique ont évolué, posant la question de l’élargissement de cette base.
Des pays comme la Chine, pourtant aujourd’hui premier émetteur mondial, revendiquent toujours leur statut de pays en développement. Dans les faits, la base des contributeurs est déjà élargie, et sous-déclarée : la Chine contribue déjà volontairement aux financements climatiques à hauteur de 4,5 milliards de dollars par an, mais refuse que sa participation devienne obligatoire. Les contributeurs doivent en effet abonder les fonds destinés aux pays considérés en développement, mais il n’y a pas de répartition définie.
Ce débat révèle une fracture Nord-Sud profonde sur la responsabilité historique et actuelle dans la crise climatique.
La présence massive de lobbyistes a marqué cette COP. Plus de 200 représentants de l’industrie agricole intensive ont participé, soulevant des inquiétudes quant à leur influence sur les résultats finaux. De même, 1773 lobbyistes des énergies fossiles étaient présents selon Kick Big Polluters Out, une coalition d’ONG - ils représentaient la 4ème plus grosse délégation, leur nombre dépassant ainsi le total des représentants des dix pays les plus vulnérables au changement climatique.
La transparence autour de ces participations a ainsi été vivement remise en cause par plusieurs ONG et observateurs.
La COP29 a permis de finaliser les règles encadrant les transactions internationales de crédits carbone, conformément à l’article 6 de l’Accord de Paris, rendant les échanges de crédits carbone pleinement opérationnels. Après neuf ans de négociations complexes, ces nouvelles normes encadrent les échanges internationaux de crédits carbone entre pays et entreprises, tout en visant à prévenir les dérives passées.
Les règles adoptées s’appuient sur deux mécanismes principaux :
Ces nouvelles normes visent à garantir plus de transparence et d’intégrité dans les échanges de crédits carbone entre pays. Cela constitue une avancée notable pour éviter les doubles comptages et renforcer la crédibilité des projets compensatoires. Ce marché facilitera l'échange de crédits carbone, incitant les pays à réduire leurs émissions et à investir dans des projets respectueux du climat. Cependant, certaines ONG, comme Carbon Market Watch, dénoncent notamment l’absence de contrôles contraignants sur les échanges de crédits entre pays. Elles rappellent également que ces mesures ne doivent pas détourner de l’objectif principal : la décarbonation.
Les années à venir seront décisives pour renforcer ces règles et garantir leur impact réel. En effet, tout n’est pas fini - l’organe de supervision chargé de mettre en place le nouveau mécanisme de crédits carbone s’est vu remettre par les Parties une longue liste de tâches à accomplir pour 2025 et devra continuer à leur rendre des comptes.
Malgré un accord global insuffisant, certains engagements marquants ont permis d’entrevoir des progrès notables lors de cette COP29 :
Les blocages persistants dans les négociations internationales mettent en lumière les limites structurelles des COP. De plus en plus de voix, à l’instar du Club de Rome, appellent à une réforme en profondeur de ces sommets. L’objectif serait de renforcer la gouvernance, d’assurer une meilleure transparence et d’accélérer la mise en œuvre des décisions adoptées. Car sans un cadre plus efficace, les promesses resteront des vœux pieux. Et sans une intégration pleine et entière des pays en développement dans la lutte contre le changement climatique, les objectifs globaux resteront inatteignables.
En ce sens, des solutions de financement innovant doivent voir le jour : réorientation des flux existants (chaque année, 1000 milliards de dollars sont encore investis dans les énergies fossiles), modulation des taux d'intérêt directeurs en fonction des investissements, garanties d’états pour les investissements privés dans les pays du sud.
Comme l’a souligné Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies : « J'avais espéré un résultat plus ambitieux – à la fois sur le financement et l'atténuation – pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés. » Son constat reflète les attentes déçues de cette COP, mais aussi l’urgence de changer d’échelle.
La date clé est désormais février 2025, lorsque les États devront soumettre leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) afin de s’aligner avec l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C. La COP30 sera un test crucial : traduire enfin les promesses en actions concrètes. Dans un monde où chaque dixième de degré compte, il n’y a plus de temps pour le compromis.
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