14 octobre 2024
Un crédit carbone, c’est quoi ? C’est l’unité qui permet de monétiser le carbone. De manière un peu plus collégiale, un crédit carbone est une unité de mesure monétaire qui correspond à la réduction ou à la capture d'une tonne de dioxyde de carbone (CO2) ou d'un autre gaz à effet de serre dont on va exprimer l'impact en équivalent CO2 (tCO2éq).
Il est difficile d’évaluer correctement ce que représente aujourd’hui ce marché. Info Compensation Carbone (plateforme soutenue par l’ADEME) évalue le nombre de crédits carbone vendus dans le monde en 2022 à 40,3 MtCO2éq. Le standard international de vérification de crédit carbone Verra (ex-VCS) revendique 1200 MtCO2éq réduites ou éliminées tandis que l’autre grand standard international Gold Standard revendique lui 348 MtCO2éq. On compte plusieurs dizaines de milliers dans quasiment tous les pays du monde. Le volume d’affaires généré annuellement se compte en milliards d’euros. Des volumes énormes, mais pour quel impact réel ?
Si la taille de ce marché est difficile à estimer, une question reste : ces dizaine de millions, voire ces centaines de millions, de crédits carbone se valent-ils tous ? La réponse est non : en témoigne les nombreux scandales autour de certains programmes de crédits carbone à dimension internationale. Si l’achat de crédits carbone reste essentiel pour une entreprise à la mise en place d’une stratégie climat alignée sur l’Accord de Paris, il faut d’abord s’assurer d’acheter des crédits carbone DE QUALITE. Si les entreprises ne font pas attention à la qualité des crédits carbone qu’elles achètent, le risque est de se voir multiplier les crédits carbone de mauvaise qualité.
Cette approche évoque la célèbre théorie de George Akerlof (1970) du marché des voitures d’occasion (The market for “Lemons”). Elle montre une asymétrie d’information sur un marché en faveur des vendeurs conduit à la multiplication des produits de mauvaise qualité en raison de la perte de confiance des acheteurs envers les vendeurs. Les prix bas des produits de mauvaise qualité attirent les acheteurs qui se détournent des produits de bonne qualité et donc plus cher. Les produits de bonne qualité disparaissent du marché, laissant un marché avec uniquement des produits de mauvaise qualité être conduit inexorablement à sa perte. Arkerlof a co-obtenu le “prix Nobel d’économie” pour ces travaux sur ce sujet, rien que ça !
Il est donc essentiel pour tout acteur, particulier, petite, moyenne ou grand entreprise, de savoir juger et évaluer la qualité d’un crédit carbone. Voici les quelques points qui devrait vous permettre de sélectionner uniquement des crédits carbone de qualité !
Pour garantir la qualité d’un crédit carbone, plusieurs critères doivent impérativement être respectés. Le premier est l’additionnalité, qui garantit que les réductions d’émissions (RE) ne se seraient pas produites sans le financement carbone. Ce critère est essentiel pour s’assurer que l’investissement dans les crédits carbone a un impact réel et ne finance pas des actions qui auraient eu lieu de toute façon.
Ensuite, la permanence est cruciale pour garantir que les RE sont durables et que le carbone capturé ne sera pas libéré à court ou moyen terme. Par exemple, dans le cas de projets de reforestation, la permanence doit être assurée sur plusieurs décennies.
La mesurabilité est également un critère fondamental. Pour que les crédits carbone aient une véritable valeur, il faut pouvoir mesurer de manière précise les quantités de carbone réduites ou séquestrées. Ces mesures doivent s'appuyer sur des méthodologies rigoureuses et validées par des organismes reconnus. Cela va de pair avec la vérifiabilité, car les données doivent pouvoir être auditées par des tiers indépendants afin d'assurer la transparence et la fiabilité des résultats.
Enfin, l’unicité garantit qu’un crédit carbone ne peut être vendu qu’une seule fois. Le double comptage, où un même crédit est vendu à plusieurs acheteurs, doit être évité à tout prix, ce qui nécessite l’utilisation de registres uniques et transparents pour chaque projet. Un projet qui ne respecte pas ces critères ne peut prétendre générer des crédits carbone de qualité.
Les crédits carbone peuvent être générés par deux grands types de projets : ceux qui séquestrent du carbone et ceux qui évitent son émission.
Les projets de séquestration naturelle reposent sur des processus tels que la photosynthèse. Les forêts, les sols agricoles enrichis en matière organique, ou encore les zones humides sont des puits de carbone naturels. Ce type de projet a l’avantage de contribuer à la fois à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de la biodiversité. Cependant, ces projets dépendent d’une gestion à long terme des espaces naturels et sont vulnérables à des risques tels que les incendies de forêt ou la déforestation.
D'autre part, les projets de séquestration technologique visent à capter et stocker le carbone via des technologies émergentes, comme le captage et stockage du carbone (CSC). Bien que prometteuses, ces technologies sont coûteuses et encore peu matures. Leur déploiement à grande échelle reste limité, et elles ne doivent pas être vues comme une solution miracle mais plutôt comme un complément aux solutions naturelles.
Les projets d’évitement consistent à réduire les émissions de CO2 à la source. On en compte 5 principaux types :
- Sylviculture et utilisation des sols : Ces projets incluent des activités telles que la gestion durable des forêts, la production de bois responsable, les pratiques agroforestières, et l'optimisation de l'utilisation des terres pour séquestrer du carbone. Ils visent à restaurer et à protéger les écosystèmes naturels tout en capturant des quantités importantes de CO2 via la photosynthèse.
- Énergies renouvelables : Ces projets consistent à développer des infrastructures pour des sources d’énergie renouvelable, comme l’éolien, le solaire ou l’hydroélectricité, qui réduisent la dépendance aux combustibles fossiles. En contribuant à décarboner le réseau électrique local, ces projets permettent d'éviter des émissions importantes de gaz à effet de serre (GES).
- Efficacité énergétique : Ces projets visent à améliorer l'efficacité énergétique dans divers secteurs, en remplaçant les technologies utilisant des combustibles fossiles par des alternatives plus durables. Cela peut inclure la rénovation de bâtiments, l’amélioration des systèmes de chauffage ou encore l’utilisation d’énergies propres dans les processus industriels, contribuant ainsi à la réduction des émissions de CO2.
- Appareils ménagers : Ces projets concernent le développement d’appareils économes en énergie, comme des foyers de cuisson améliorés ou des digesteurs de biogaz. Ces technologies permettent de réduire la consommation de bois de chauffage dans les communautés locales, diminuant ainsi la pression sur les forêts et évitant les émissions liées à la combustion du bois.
- Gestion des déchets : Ces projets se concentrent sur l’amélioration des méthodes de gestion des déchets, notamment via le recyclage ou la réduction des déchets mis en décharge. Certains projets incluent aussi la capture du méthane dans les décharges pour le convertir en carburant propre, évitant ainsi que ce puissant GES soit libéré dans l’atmosphère.
Cependant, il faut veiller à ce que ces projets respectent bien l’additionnalité, car de nombreuses initiatives de ce type sont déjà économiquement viables sans le soutien des crédits carbone.
En somme, tous les projets ne se valent pas en termes de qualité. Les solutions basées sur la nature, en particulier, ont un impact plus large sur l’environnement et sont souvent préférables à des projets purement technologiques ou déjà rentables sans les crédits carbone.
Tous les standards de vérification de crédits carbone ne se valent pas. Parmi les plus connus figurent Verra (anciennement VCS) et le Gold Standard, qui dominent le marché international. Cependant, ces standards ont parfois été impliqués dans des scandales, comme celui des projets REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts). Ces scandales montrent les limites des systèmes où les standards construisent leur propre méthodologie et sont parfois payés par les mêmes entités qu’ils certifient, ce qui pose des questions d’opacité et de conflits d’intérêts.
En France, le Label Bas Carbone (LBC) est devenu une référence, en particulier pour les projets agricoles et forestiers. Soutenu par l’État, ce label repose sur des méthodologies publiques et rigoureuses. Il permet de certifier des projets locaux avec un suivi transparent et indépendant. De plus, le LBC est en ligne avec les recommandations du GIEC, notamment pour les méthodes de séquestration. Sa rigueur en fait l’un des labels les plus fiables du marché pour garantir la qualité des crédits carbone.
En conclusion, tous les référentiels ne se valent pas. Chez ReSoil, nous privilégions les labels publics, transparents, avec des méthodologies auditées par des tiers indépendants, afin de garantir une véritable qualité des crédits carbone.
Le prix d’un crédit carbone varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment le type de projet, sa localisation et la certification utilisée. En général, les crédits carbone issus de projets internationaux, certifiés par des standards globaux comme Verra ou Gold Standard, sont moins chers que ceux provenant de projets locaux et certifiés par des labels plus exigeants comme le Label Bas Carbone.
En France, le prix d’un crédit carbone issu de projets agricoles ou forestiers locaux se situe généralement entre 30 et 60 euros par tonne de CO2éq. Cela peut sembler élevé en comparaison avec les prix des crédits internationaux, parfois à moins de 10 euros la tonne. Cependant, il est important de considérer que les crédits locaux offrent une traçabilité, une transparence, et souvent des co-bénéfices environnementaux et sociaux qui ne sont pas toujours présents dans les crédits internationaux à bas prix.
Il est essentiel de comprendre que, comme pour tout produit, la qualité a un coût. Un prix bas peut cacher des crédits de moindre qualité, avec un risque accru de manque de permanence, de mauvaise additionnalité ou de double comptage. Opter pour des crédits carbone de qualité, même à un prix plus élevé, est donc un investissement dans la crédibilité et l’impact de votre action climatique. Si vous souhaitez en savoir plus le prix d'un crédit carbone , retrouvez notre article sur ce lien.
La transparence est un indicateur clé de la qualité d’un projet de crédits carbone. Si vous ne pouvez pas obtenir d’informations régulières sur l’avancée du projet que vous financez, cela peut être un signe alarmant. Un projet bien structuré et transparent devrait vous permettre de suivre son développement en temps réel, que ce soit par des rapports réguliers, des visites sur site ou des plateformes en ligne dédiées à la mise à jour des projets.
Chez ReSoil, par exemple, nous mettons un point d’honneur à informer régulièrement nos clients sur l’avancée des projets qu’ils financent, que ce soit par des photos, des vidéos ou des rapports détaillés sur les performances environnementales du projet. Cette transparence est essentielle pour s’assurer que les crédits achetés correspondent bien à des réductions réelles de CO2.
Dans un contexte où les entreprises cherchent à mieux comprendre et valoriser leurs actions climatiques, le suivi des projets financés est une exigence de plus en plus forte. Cela permet aussi de communiquer de manière authentique et responsable sur les engagements pris envers l’environnement.
La localisation d’un projet de crédits carbone joue un rôle important dans la qualité des crédits émis. Financer un projet local, en France par exemple, permet de mieux s’assurer de sa crédibilité et de son impact, tout en facilitant les visites sur site et la transparence.
De plus, choisir des projets situés dans votre propre région ou pays peut avoir un sens stratégique pour une entreprise. Financer un projet local permet de contribuer directement à la réduction de votre empreinte carbone là où vous avez le plus d'impact. Cela renforce également votre engagement auprès de vos parties prenantes locales (collaborateurs, clients, fournisseurs), qui peuvent plus facilement s'identifier à un projet proche géographiquement.
En France, le Label Bas Carbone (pour en savoir plus sur le Label bas-carbone, c'est juste ici) offre une excellente garantie de qualité pour les projets locaux, avec une forte transparence et un cadre réglementaire strict. À l’inverse, les crédits carbone issus de projets situés dans des pays lointains peuvent être plus difficiles à suivre, et leur impact réel peut être plus incertain.
Lorsqu’on évalue la qualité d’un crédit carbone, il est essentiel de prendre en compte non seulement l’impact sur le climat, mais aussi les effets environnementaux, sociaux et sociétaux du projet sous-jacent. Un projet qui se contente de réduire ou séquestrer du carbone sans tenir compte de ces autres aspects risque d’engendrer des conséquences négatives pour les écosystèmes ou les communautés locales.
Prenons l'exemple des projets de compensation carbone qui ont été dénoncés pour leurs effets néfastes sur les populations locales, comme celui au Cambodge où des communautés se sont vues privées de leurs terres ancestrales sans compensation adéquate. Ce genre de situation illustre pourquoi il est crucial de s’assurer que les projets carbone prennent en compte les droits des populations locales et leur acceptabilité sociale.
D’un point de vue environnemental, il est important de veiller à ce que les projets aient des co-bénéfices pour la biodiversité, la gestion des ressources naturelles et la santé des écosystèmes. Par exemple, un projet de reforestation peut contribuer à la protection de la biodiversité en restaurant des habitats naturels, en plus de séquestrer du carbone.
Un projet de qualité devrait donc être conçu avec une approche holistique, intégrant des objectifs de développement durable, et pas seulement une réduction de carbone. C’est ce qui permet d’avoir un impact positif global et d’éviter des effets pervers ou des conflits d’usage des terres.
Lorsque vous achetez un crédit carbone, il est légitime de se demander où va exactement l’argent. En réalité, une grande partie des fonds n’arrive pas directement au porteur de projet. L’intermédiation dans le secteur des crédits carbone est souvent importante : plusieurs acteurs interviennent, depuis les plateformes de vente jusqu'aux auditeurs, en passant par les intermédiaires qui coordonnent les démarches administratives et techniques. Chacun prélève une commission pour son travail.
Ainsi, en moyenne, un agriculteur ou une forêt reçoit entre 55 % et 65 % du montant total payé par l’acheteur de crédits carbone. Le reste est réparti entre les divers intermédiaires. Si cela est compréhensible en raison des services fournis, il est important que le maximum de fonds possible parvienne directement aux projets afin d'assurer leur viabilité.
La question de l’intermédiation soulève aussi celle de la transparence. Il est essentiel que vous puissiez savoir précisément comment est réparti l’argent que vous dépensez. Chez ReSoil, par exemple, nous mettons un point d’honneur à réduire au maximum le nombre d’intermédiaires afin de maximiser l’impact des fonds sur le terrain. En privilégiant des circuits courts et des projets locaux, nous permettons à une plus grande part des financements d’aller directement aux porteurs de projets, notamment les agriculteurs, qui sont au cœur de la transition carbone.
L’achat de crédits carbone de qualité peut être bien plus qu’un simple geste pour compenser ses émissions. Il peut devenir un levier stratégique pour une entreprise, lui permettant de renforcer la cohérence de sa démarche RSE et de valoriser son action climatique auprès de ses parties prenantes. Trouver un lien direct entre les crédits carbone achetés et l’activité de l’entreprise peut donner encore plus de sens à cette démarche.
Par exemple, une entreprise du secteur du meuble pourrait choisir de financer des projets de reforestation ou de gestion durable des forêts. Une entreprise textile, quant à elle, pourrait soutenir des projets agricoles visant à améliorer les pratiques de culture du lin ou du coton. Une société de construction pourrait s’engager dans des projets luttant contre l’érosion des sols, qui sont directement en lien avec les défis de l’artificialisation des terres.
Cette personnalisation des actions permet à l’entreprise de mieux communiquer sur ses engagements environnementaux et de raconter une histoire qui fait écho à son cœur de métier. Cela montre que la compensation carbone n’est pas une action isolée, mais fait partie d’une stratégie globale d’engagement en faveur du climat et de l’environnement. Cela peut également renforcer l’adhésion de vos collaborateurs, qui se sentiront plus concernés et fiers de travailler pour une entreprise qui mène des actions concrètes et en lien avec son activité.
La compensation carbone ne doit pas seulement être une démarche à destination des clients ou des investisseurs. Elle peut aussi devenir un puissant levier d’engagement pour les collaborateurs de l’entreprise. Pour cela, il est essentiel de rendre la démarche tangible et compréhensible pour eux.
Lorsque l’entreprise finance un projet local de qualité, elle peut impliquer ses salariés en leur permettant de visiter les sites concernés, ou en organisant des actions de sensibilisation autour des projets soutenus. Voir concrètement les impacts positifs de la démarche de l’entreprise peut renforcer le sentiment de fierté et d’appartenance des collaborateurs. Cela peut aussi être un outil de mobilisation interne, en particulier dans le cadre d’une stratégie RSE plus large. Voici un retour d'expérience d'un client de ReSoil qui explique dont la contribution carbone a été valorisé auprès des collaborateurs : ici !
En outre, l’achat de crédits carbone peut être intégré dans des initiatives d’innovation sociale, où l’entreprise permet à ses équipes de participer activement à des projets en lien avec leur métier, renforçant ainsi leur engagement personnel dans la lutte contre le changement climatique. Créer un lien entre l’action carbone de l’entreprise et les valeurs de ses collaborateurs permet d’ajouter une dimension humaine à la démarche, renforçant ainsi la cohésion interne tout en contribuant à la transition écologique.
ReSoil s'inscrit dans le cadre des méthodes de calcul agricoles du Label bas-carbone. En fonctionnant en circuit court entre les agriculteurs et les entreprises financeuses, ReSoil permet à l'entreprise de maximiser son investissement climat en améliorant le financement direct de l'agriculteur ! Les entreprises qui financent ont également l'occasion d'aller visiter l'exploitation soutenue et donc de pouvoir valoriser leur financement en communication externe et interne
ReSoil développe aujourd'hui plus de 130 projets partout en France. Pour retrouver nos projets les plus proches de des sites et lieux d'activité de votre entreprise, accèdez à l'ensemble de nos projets sur notre plateforme ReSink : Inscription ReSink.
Contribuer à la neutralité carbone est à la portée de toutes les entreprises engagées. Si vous vous posez la question de la contribution carbone, n’hésitez pas à nous contacter, l’équipe ReSoil vous accompagne de A à Z pour vous proposer des projets de régénération de puits de carbone agricoles sur-mesure, certifiés par le Label bas-carbone sur votre territoire !