18 décembre 2023
Dans un contexte où les défis environnementaux deviennent de plus en plus pressants, la sensibilisation écologique influence considérablement les choix de consommation des individus. Confrontés à une urgence climatique grandissante, les consommateurs cherchent activement à s'orienter vers des achats plus respectueux de l'environnement. Cette dynamique incite les industries et les gouvernements à adopter des pratiques plus durables. C'est dans ce contexte que l’affichage environnemental prend tout son sens.
Parmi les différents secteurs impactés, le secteur agroalimentaire, reconnu comme le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre en France, occupe une place centrale dans cette transition écologique. De par sa relation directe avec les consommateurs, il représente un vecteur clé pour induire des modifications significatives dans les habitudes de consommation et favoriser une alimentation plus durable.
L’affichage environnemental est un mécanisme conçu pour informer les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits et services qu'ils choisissent. Par impacts environnementaux, on vise bien sur non seulement les émissions de carbone, mais aussi tous les impacts du produit ou du service sur la biodiversité, la pollution locale et les ressources naturelles. L'objectif principal est de permettre une consommation plus responsable en orientant les choix vers des produits à moindre impact environnemental. Cette démarche vise à rendre le consommateur acteur de sa consommation, en lui offrant des informations claires et fiables sur l'empreinte écologique des produits.
L’affichage environnemental trouve ses racines dans la loi Grenelle de l'environnement de 2009, une initiative majeure visant à positionner la France en leader de la transition écologique. Poursuivant cette ambition, la loi de la transition énergétique pour une croissance verte de 2015 a renforcé l'engagement envers un développement plus durable, en soulignant la nécessité d'informer les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits et services qu'ils utilisent. Ce cadre législatif a mis l'accent sur l'importance de la transparence et de la responsabilité environnementale. L'article 90 de cette loi encadre les allégations environnementales et combat l'écoblanchiment ou greenwashing (soit la pratique consistant à présenter un produit comme plus écologique qu'il ne l'est réellement). Finalement, la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire introduit un dispositif d’affichage environnemental sur une base volontaire.
Pour son développement dans le secteur alimentaire, deux acteurs clés ont été impliqués, chacun jouant un rôle spécifique pour assurer l'efficacité et la pertinence de cette initiative :
Alors, quels sont les secteurs concernés ?
Le secteur agroalimentaire représente une étape majeure dans la concrétisation d'une consommation plus responsable. En adoptant un mode « volontaire encadré » dès 2024, suivi par une obligation en 2025, cette mesure englobe une large gamme de produits, impactant significativement les pratiques des consommateurs et des entreprises du secteur.
Les premières phases d'expérimentation ont débuté autour des années 2011-2012, avec une participation volontaire de certaines entreprises dans divers secteurs, notamment l'ameublement, le textile, l'hôtellerie, les produits alimentaires et les appareils électroniques. Cette phase initiale a permis de tester l'efficacité et la réception de l’affichage environnemental par les consommateurs et les entreprises.
L’affichage environnemental est prévu pour devenir obligatoire pour certains secteurs à des moments spécifiques. Par exemple, pour les produits alimentaires, l’affichage environnemental devait être proposé sur une base volontaire dès le début de 2024, suivi d’une application obligatoire dès début 2025, comme indiqué dans un document de travail publié le 13 juillet 2023. Cette progression permet une adaptation graduelle des entreprises et des consommateurs au nouveau système.
Après les phases d'expérimentation et de mise en œuvre progressive, une généralisation plus large de l’affichage environnemental est envisagée. L'objectif est d'étendre cette pratique à l'ensemble des produits de consommation et services, ce qui implique une adaptation réglementaire et une sensibilisation accrue des différents acteurs du marché.
Pour assurer la cohérence et l'exactitude des informations, des méthodologies spécifiques ont été élaborées. Ces méthodologies impliquent des indicateurs environnementaux standardisés, garantissant ainsi que les évaluations sont basées sur des critères objectifs et comparables. L'ADEME (Agence de la transition écologique) joue un rôle central dans l'élaboration de ces référentiels méthodologiques, en collaboration avec les parties prenantes.
Dans le cadre de l'élaboration de l’affichage environnemental pour le secteur alimentaire, l'ADEME a joué un rôle prépondérant en développant une base de données détaillée sur les impacts environnementaux des produits agricoles et alimentaires. Ce projet, nommé AGRIBALYSE®, a été co-piloté par l'ADEME et l'INRAE, et a bénéficié de la collaboration de nombreux partenaires et experts, notamment des instituts techniques agricoles et agroalimentaires.
AGRIBALYSE® se base sur la méthode d'Analyse de Cycle de Vie, même si cette méthode présente des limites : l’unité de mesure du facteur d’émission est rapportée à sa production, c’est à-dire en kilogramme ou en tonne d’unité produite : ainsi, l’agriculture biologique, qui propose des méthodes moins carbonées et favorables à la biodiversité, se retrouve avec un facteur d’émission plus élevé (et donc plus mauvais) car les rendements en bio sont plus bien faibles qu’en conventionnel. De même, l’élevage intensif de poulets sera mieux noté que l’élevage de poulets en plein air, car ces caractéristiques ne sont pas pris en compte et la production intensive réduira l’intensité d’émissions carbone, mais pas les émissions en valeur absolue. Les bénéfices écosystémiques en dehors du carbone ne sont pas pris en compte par la méthode ACV.
Pour pallier à ce défaut, Agribalyse a également intégré des données issues d'autres initiatives internationales telles qu'Ecoinvent, la World Food Database, et le Product Environmental Footprint. Ces données couvrent l'ensemble des secteurs et des étapes de la chaîne alimentaire, incluant la production agricole, la transformation des aliments, la logistique (stockage, transport, distribution), et même la préparation culinaire des plats. Voici une liste des indicateurs fournis par l'Agribalyse :
Le 27 mars 2023, la Secrétaire d'État à l'Écologie, Bérangère Couillard, a présenté une proposition lors d'une réunion convoquée par le Ministère de la Transition Écologique. Cette proposition esquissait une nouvelle méthode pour calculer le score environnemental des produits alimentaires.
Cette nouvelle méthodologie pour le score environnemental intègre plusieurs nouveaux critères en plus de la méthode traditionnelle d'analyse du cycle de vie (ACV) et du Product Environmental Footprint (PEF), pour corriger les effets pervers mentionnés. Ces nouveaux critères incluent des facteurs tels que les infrastructures agroécologiques, des indicateurs de diversité agricole et des considérations sur le bien-être animal. L'objectif de la proposition est d'enrichir le calcul du score environnemental au-delà des méthodes traditionnelles ACV et PEF, et d'introduire un système de bonus et de pénalités qui favorise ou pénalise certains traitements.
De plus, une pondération accrue a été accordée à la toxicité des pesticides synthétiques, mettant en évidence la distinction entre les produits biologiques et non biologiques dans l'évaluation. Un prototype de la méthode de calcul du score environnemental a été présenté, ainsi que ECOBALYSE, un outil en ligne qui permet aux entreprises de tester l'impact environnemental de leurs produits. Le Ministère de la Transition Écologique souhaite entamer une phase de concertation, avec des éléments tels que les indicateurs de biodiversité et le bien-être animal déjà en voie d'adoption. Trois phases de consultation sont prévues : le test de l'algorithme via le calcul en ligne, une consultation sur le format de l’affichage et l'élaboration du cadre réglementaire.
Les modalités d’affichage sont variées et conçues pour être accessibles. Elles peuvent prendre plusieurs formes : des notes allant de A (meilleure performance) à E (moindre performance), des scores chiffrés sur une échelle de 100, ou encore des indices de coût environnemental. Ces différents formats ont pour but de fournir un repère clair et immédiatement perceptible, permettant aux consommateurs de comparer facilement l'impact environnemental des produits lors de leurs achats. Il n'a pas encore été annoncé quelle nomenclature sera utilisée pour cette notation (lettres ou chiffres). Le but sera de n’en retenir qu’une pour pouvoir effectuer des comparaisons.
Cette démarche vise à transformer les habitudes de consommation et de production, en offrant une transparence accrue sur l'impact environnemental des produits. Cela représente un changement majeur pour les producteurs, les distributeurs et les consommateurs, orientant le marché vers des pratiques plus durables et respectueuses de l'environnement.
Or, on attend encore des détails sur l’affichage environnemental car le projet est stagné par les complexités du système de calcul.L’affichage environnemental est un dispositif public conçu par le gouvernement, mais il existe aussi le Planet-Score qui est quant-à-elle une initiative privée portée par l’Institut technique de l’agriculture biologique, avec plusieurs ONG. Ce score, qui donne une note globale de A à E sur un produit, avec 3 sous-scores sur les pesticides, la biodiversité et le climat, commence déjà à être apposé sur certains emballages, avec le logo ci-dessous :
Ainsi, lorsque l’affichage environnemental sortira, les deux systèmes de mesure devraient être capables de coexister puisque l'affichage environnemental ne sera pas obligatoire. Cette coexistence pourra aussi avoir lieu avec le NutriScore, qui évalue déjà non pas l’impact environnemental mais l’impact nutritionnel des produits. Mais comme aucun de ces systèmes de notation n'est obligatoire, certaines entreprises opteront très probablement pour le plus favorable, celui qui leur donne la meilleure note. Le Nutriscore est actuellement présent sur 60% des produits agroalimentaires. Si une marque l’affiche sur un produit, elle a cependant l’obligation de l’afficher pour l’intégralité de sa gamme.
L’affichage environnemental affecte profondément les agriculteurs, déjà engagés dans la lutte contre le changement climatique et la transition vers des pratiques agricoles écologiques telles que l'agriculture régénératrice. Cette initiative incite désormais les entreprises à privilégier des fournisseurs performants selon les indicateurs environnementaux. Pour les agriculteurs, cela se traduit par une opportunité de financement pour améliorer et transformer leurs pratiques, notamment via le Label bas-carbone, favorisant ainsi une agriculture durable et respectueuse de l'environnement.
Comment ces pratiques améliorent-elles le score d’un produit ? Reprenons quelques indicateurs de la base Agribalyse :
Particulièrement, en lien avec la nouvelle méthodologie de l’affichage environnemental, l'agriculture régénératrice joue un rôle crucial dans l'amélioration de :
L’agriculture régénératrice offre aux entreprises du secteur agroalimentaire une opportunité d'améliorer leur score environnemental en alignant ses pratiques avec les nouveaux critères de l’affichage environnemental. Ces pratiques renforcent la durabilité environnementale, mais elles contribuent aussi à un meilleur classement dans l'évaluation de l’affichage environnemental. En adoptant ces méthodes, les entreprises peuvent non seulement réduire leur impact écologique, mais également gagner en attractivité et en compétitivité sur un marché de plus en plus conscient des enjeux environnementaux.
L'intégration de l’affichage environnemental dans le secteur agroalimentaire français soulève des défis importants, tout en offrant des perspectives prometteuses pour l'avenir. Cette démarche, en phase avec l'évolution des normes et les attentes croissantes des consommateurs, joue un rôle essentiel dans la promotion d'une consommation plus responsable. Elle s'aligne sur les initiatives de l'Union européenne telles que la Product Environmental Footprint (PEF) et l'Organisation Environmental Footprint (OEF), illustrant l'engagement de la France dans la transition écologique. C'est une étape clé vers un avenir où les choix de consommation et les pratiques de production s'harmonisent avec les impératifs environnementaux, renforçant ainsi l'engagement collectif en faveur d'un développement durable de notre économie.
L'agriculture régénératrice joue un rôle central dans la dynamique impulsée par l’affichage environnemental. En encourageant des pratiques agricoles qui respectent la planète, cette forme d'agriculture contribue directement à améliorer les indicateurs environnementaux. Par ces actions, elle répond aux critères de l’affichage environnemental, permettant ainsi aux entreprises du secteur agroalimentaire de s'aligner sur les objectifs de durabilité et de responsabilité environnementale. L'adoption de ces pratiques agricoles s'avère donc essentielle pour les entreprises cherchant à améliorer leur score environnemental et à répondre aux attentes des consommateurs de plus en plus soucieux de l'impact écologique de leur alimentation.
Dans ce contexte, ReSoil offre des solutions concrètes aux agriculteurs et aux entreprises du secteur agroalimentaire. Pour les agriculteurs, ReSoil propose des stratégies et des techniques pour adopter l'agriculture régénératrice, aidant ainsi à restaurer la santé des sols, à augmenter la biodiversité et à réduire l'empreinte carbone. Ces pratiques ne se limitent pas à l'amélioration de la durabilité environnementale, mais contribuent également à une meilleure productivité et résilience face aux changements climatiques. Pour les entreprises, ReSoil offre un accompagnement dans l'intégration de ces pratiques au sein de leur chaîne d'approvisionnement ou dans leur stratégie de développement durable. Les entreprises peuvent non seulement améliorer leur score environnemental, mais aussi renforcer leur image de marque et leur compétitivité sur un marché de plus en plus sensible aux questions écologiques.
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