Décarboner la filière blé tendre : de l'épi à la baguette de pain

26 mars 2025

- par
Lise
Moisson de blé l'été (©ReSoil, 2025)
Moisson de blé à l'été (©ReSoil, 2025)

Introduction

La filière céréalière française se concentre autour d'une dizaine d’espèces dont les principales en volume sont le blé tendre, le maïs, les orges, le triticale et le blé dur. Le blé tendre est la première céréale produite en France. En effet, d’après FranceAgriMer, sur les 60,5 Mt des céréales produites en France en 2023, le blé tendre constitue 55%, soit 33,7 Mt. 3Mt sont auto-consommés sur les fermes, notamment pour l’alimentation animale, 25,6 Mt sont utilisés sur le marché français et 16,6 Mt sont exportés. Sachant que 20% de l’empreinte carbone nationale est liée à l’agriculture, dont 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont liées aux grandes cultures, la culture du blé représente un fort levier de décarbonation de l’agriculture nationale. Dans cet article nous allons creuser où se situe la production française de blé tendre sur la scène internationale, rentrer dans le détail de son itinéraire technique et de ses débouchés. Enfin, nous allons analyser quelles sont les opérations les plus émettrices à la production du blé tendre et comment réduire leur impact sur l’environnement.

Le marché céréalier français en 2023, (Source : FranceAgriMer, 2023)
Le marché céréalier français en 2023, (Source : FranceAgriMer, 2023)

I. Le blé tendre, culture majoritaire en grandes cultures

1. Le blé tendre, première production céréalière française

En moyenne, sur les 5 campagnes de 2019 à 2023, ce sont 4,8 millions d’hectares (Mha) de blé tendre cultivés (pour 9,2 Mha toutes céréales confondues), soit 52% de la sole française est cultivée en blé tendre. Cela représente 34,4 millions de tonnes (Mt) de blé tendre produites, ce qui lui confère la première place des céréales produites en France. En terme de quantité, elle représente en moyenne 55 % de la production totale de céréales, devant le maïs (21 %), les orges (18 %) et le blé dur (2 %). Sur la collecte moyenne des campagnes 2019 à 2023, la quantité de blé tendre commercialisée s’élève à 31,6 Mt. En 2023, la France collecte 60,5 MT de céréales dont 33,7 Mt de blé, soit 55%.

Productions céréalières françaises en 2023 (Source : FranceAgriMer, 2023)
Productions céréalières françaises en 2023 (Source : FranceAgriMer, 2023)

2. Bassin de production de blé tendre en France :

Le blé tendre est cultivé sur l’ensemble du territoire métropolitain avec cependant une forte régionalisation sur la moitié nord du pays. D’après FranceAgriMer, en moyenne au cours des campagnes 2019-2023, les quatre premières régions productrices sont les Hauts-de-France (21 % de la production nationale), le Grand Est (15 %), le Centre – Val de Loire (13 %) et la Normandie (11 %) ; elles concentrent 59 % de la production française de blé tendre.

3. La France, 5e producteur mondial de blé tendre et 6e exportateur mondial

La France est le premier pays producteur de blé tendre de l’Union Européenne et le 5e pays producteur mondial derrière la Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis, en 2022.

A l’échelle européenne, la France est le premier producteur et exportateur de blé tendre. D’après FranceAgriMer, sur les 33,5 Mt de blé tendre produits en France en 2023, 16,6 Mt sont exportés. Les pays tiers constituent sur cette période le premier marché (9,9 Mt) devant les pays de l’Union européenne (7,1 Mt). Les principaux marchés d’export sont l’Union européenne, le Maghreb (5,0 Mt) et l’Afrique subsaharienne (1,8 Mt).

Sur cette période, les principaux pays exportateurs mondiaux sont la Russie (47,7 Mt), l’Australie (32,3 Mt), le Canada (25,4 Mt), les États-Unis (20,2 Mt), et l’Ukraine (17,1 Mt). La France est le 6e exportateur mondiale de blé tendre.

Top 5 des producteurs mondiaux de blé tendre en 2023 (Source : Solagro)
Top 5 des producteurs mondiaux de blé tendre en 2023 (Source : Solagro)

4. Récolte 2024 : faible rendement et évolution du marché

La récolte 2024 est marquée par une baisse de rendement, toutes cultures confondues. Cela s’explique par notamment des épisodes pluvieux intenses (rapport mm eau tombés/temps élevé) et peu d’ensoleillement entrainant une humidité résiduelle. Cela a retardé les chantiers de semis, contraint à travailler dans de moins bonnes conditions entrainant des tassement des sols et ainsi un moindre développement racinaire, favorisé le développement de maladie (septoriose) et de problèmes d’hydromorphie, impacté les cultures notamment à moment du remplissage du grain, etc. Ainsi la production de blé tendre est de 25,8 Mt, selon l’Agreste. Elle est en baisse de 26,5 % par rapport à 2023 et de 25,5 % par rapport à la moyenne 2019-2023, résultat du recul des rendements (- 16,7 % par rapport à celui de 2023) et des surfaces cultivées (- 11,8% par rapport à 2023).

En outre, les relations diplomatiques impactent grandement les exportations du blé tendre français. Pour exemple, la dégradation des échanges avec Alger ces dernières années se ressent également dans les achats de blé français par l’Algérie. En 2010, ce dernier s’approvisionnait en blé français à plus de 60% et il est descendu en 2024 à 20%.

II. Cycle biologique et itinéraire technique du blé tendre d’hiver

Au niveau fertilisation minérale, les apports diffèrent en fonction des variétés de blé. En moyenne, les apports pour un blé tendre sans objectif de protéine, sont entre 2,8 et 3,2 uN/quintal. Ceux pour un blé tendre à 11,5% de protéines, sont entre 3 et 3,2 uN/quintal. Concernant un blé améliorant à 14,5% de protéines, les apports se situent entre 3,7 et 4,1 uN/quintal. En moyenne, 167uN/ha sont apportés sur le blé tendre (source : Label bas-carbone). La variabilité dépend des régions, des variétés de blé et de la stratégie de fertilisation. Le premier apport type de 60uN/ha se réalise au stade tallage (en février), le deuxième de 70 uN/ha au stade montaison (fin mars début avril) et le dernier de 37 uN/ha au stade gonflement (fin avril début mai). Les deux premiers apports conditionnent le rendement et le dernier le taux de protéine du blé.

La germination et la levée du blé

L’alternativité représente le besoin en froid de la culture. Pour exemple, plus une espèce est alternative moins la plante a un besoin en froid élevé. Tous les blés sont dits aujourd’hui alternatifs, et sont semés généralement entre octobre et novembre. Les “blé de printemps” sont semés en sortie d’hiver. Quel que soit le moment où le blé est semé, il est toujours récolté en juin-juillet. La densité conseillée au semis du blé oscille entre 200 et 400 grains par mètre carré. Le type de sol et le climat ont un impact sur le densité de semis. Pour exemple, en conditions idéales de semis, dans un sol limoneux sain ou argilo-calcaire profond, peu pierreux et bien préparé (sans motte ni battance), la densité de semis est habituellement environ de 200 grains par mètre carré. Un sol hydromorphe ou, à l'inverse, séchant car manquant de profondeur requiert d’augmenter la densité de semis de +35% à +45%, pour compenser les pertes à la levée et un tallage moins efficace.

Le blé est une culture sensible au nombre de degré jour. La température minimale de germination des graines est de 3° C. Il faut environ 150°C jour pour que la levée du blé se fasse, soit 8 à 10 jours pour des semis d'octobre et 30 à 40 jours pour des semis tardifs de novembre.

Le tallage du blé : de l'hiver jusqu'à mi-avril

Le blé est sujet à une diversité de maladies, pouvant l’impacter à différents stades de son cycle. Par exemple, le blé est particulièrement sensible à l’oïdium entre le stade tallage et 3 noeuds. La septoriose touche le blé au stade d’après jusqu’à la floraison. La rouille se concentre autour de l’épiaison, ou encore la fusariose pendant la floraison. Pour limiter la pression de maladies, des leviers d'actions peuvent être mis en place comme la rotation des cultures, réaliser des semis plus tardifs (pas avant fin octobre), jouer sur le travail du sol et l’enfouissement, ainsi que le broyage des résidus.

Le tallage se traduit par la formation au niveau du sol de plateau de tallage qui résulte de la condensation d'une série d'entre-nœuds très courts sur un maitre-brin (tige principale) issue de l'embryon de la graine.

La montaison du blé : de fin avril à fin mai

La tige s’allonge de façon télescopique : un nœud marque chaque étape de sa croissance. Les feuilles naissent de part et d’autre des nœuds. À 2 ou 3 centimètres du sol, le premier nœud est repérable au toucher sur le maître-brin, où s’ébauche déjà l’épi.

L’épiaison du blé : en juin

Les épis commencent à sortir de leur gaine. Chaque épi est formé de plusieurs groupes de fleurs appelés épillets. Le blé fabrique son pollen et ses ovules. La floraison, avec la sortie des étamines, signifie que la fécondation a eu lieu. Le blé est une plante autogame qui se reproduit elle-même ; chaque fleur est à la fois mâle et femelle, possède pistil et étamines et s’auto-féconde.

La maturation des grains de blé : dernière étape avant la moisson

Les grains se développent en plusieurs stades : le stade laiteux où le grain vert clair atteint sa taille définitive (le grain contient encore 50 % d’humidité et le stockage des protéines touche à sa fin) ; le stade pâteux où le grain, vert jaune, s’écrase facilement (le grain a perdu en humidité et l’amidon a été constitué). Les feuilles sont alors sèches et les nœuds de la tige encore verts. Ensuite le grain mûrit : brillant, durci, il prend une couleur jaune. À maturité complète, il a la couleur typique de sa variété et la plante est sèche. Chaque épi porte de 45 à 60 grains : leur nombre dépend de la variété et des conditions de croissance rencontrées. La récolte se réalise lorsque les grains sont à 15 % d'humidité.

Cycle biologique et itinéraire technique du blé tendre (©ReSoil, 2025)
Cycle biologique et itinéraire technique du blé tendre (©ReSoil, 2025)

III. Une diversité de débouchés du blé tendre d’hiver

La filière

D’après FranceAgriMer, la filière blé tendre intègre les producteurs (environ 88 000 producteurs en 2022), les collecteurs (139 coopératives et 761 négociants) et les transformateurs (193 fabricants d’aliments pour animaux et 386 meuniers mettant en œuvre du blé tendre). La campagne commerciale du blé tendre s’étend du 1er juillet de l’année N (début des récoltes) au 30 juin de l’année N+1.

La transformation

Le blé tendre peut être utilisé dans de nombreux débouchés.

DANS L'ALIMENTATION HUMAINE :

Quand il est panifiable ou biscuitier, le blé tendre rentre dans la composition du pain, des biscuits et des gâteaux, auxquels il apporte une richesse en glucides et en protéines. La farine est obtenue à l’issue des broyages et tamisages successifs de l’amande contenue dans ses grains dans un moulin. Participant à l'équilibre alimentaire, le blé tendre est riche en amidon, en protéines, et apporte des fibres. L’enveloppe de ces grains autrement appelée le son, qui est riche en fibres, entre par exemple dans la fabrication de certains pains dits « semi-complets » ou « complets ». De son germe peut-être extrait également une huile d’assaisonnement riche en vitamine E. L’amidon de blé (est extrait du blé pour être transformé afin de ne pas confondre avec le blé meunier) est également transformé en glucose pour être utilisé dans de nombreux produits alimentaires.

DANS L'ALIMENTATION ANIMALE :

Quand le blé est fourrager avec une teneur énergétique élevée, il entre dans la composition d’aliments pour les volailles, porcs, ovins et bovins. Le blé tendre peut être distribué aux animaux en l’état, en aplatissant les grains, ou incorporé dans les aliments composés.

Le son de blé, co-produit de la meunerie, correspond aux enveloppes du caryopse des céréales après séparation de l'amande. Le son est destiné à l’alimentation animale. Le blé est généralement mieux valorisé financièrement en alimentation humaine ou amidonnerie qu’en alimentation animale.

DANS L'INDUSTRIE :

Si l’amidon entre dans la composition de nombreuses préparations alimentaires, il est aussi utilisé dans la fabrication de produits de la vie courante (papier, cosmétique, pharmacie…). Il permet également la production de biocombustibles (carburant végétal).

Débouché du blé tendre en France en 2023 (©ReSoil, 2025)
Débouché du blé tendre en France en 2023 (©ReSoil, 2025)

La consommation

Une grande partie du blé tendre produit en France est exporté, soit 46% sur la campagne 2023. À noter que la quasi-totalité du blé tendre consommé en France est produit en France. En effet, les importations françaises de blé tendre ne représentent en moyenne que 1 % de la production de cette céréale.

En moyenne, sur les campagnes 2019 à 2023, 17 Mt de blé tendre ont été exportées. Les pays tiers constituent sur cette période le premier marché (9,9 Mt) devant les pays de l’Union européenne (7,1 Mt). Les principaux marchés d’export sont l’Union européenne, le Maghreb (5,0 Mt) et l’Afrique subsaharienne (1,8 Mt)

IV. Les émissions de GES à la production du blé tendre d’hiver

Il est possible de déterminer les émissions à la production de blé tendre grâce à la méthode grandes cultures du Label bas-carbone, commanditée par le Ministère de la transition écologique en 2019 et établie par Arvalis, Terre Inovia, l’Institut de la betterave et Agrosolutions. Les émissions se répartissent en fonction de la production d’engrais minéraux, d’engrais organiques, des émissions directes et indirectes liées à la fertilisation, aux résidus de culture, à l’azote minéralisé, à la volatilisation et au travail du sol et au déstockage de carbone.

Les chiffres détaillés ci-après, prennent le cas de référence d’un blé tendre fertilisé avec 170 uN/ha à partir de solution azotée, dont le rendement est de 72 q/ha (moyenne sur 2014 à 2023), dont les résidus sont restitués à 100% dans la Marne, avec labour sur la parcelle, sans apport d'engrais organique. (Remarque : en restituant les pailles, les émissions sont plus élevées mais le stockage de carbone également)

Répartition des émissions et du déstockage liés à la culture de blé tendre d'hiver (Source : Label bas-carbone et Agribalyse)
Répartition des émissions et du déstockage liés à la culture de blé tendre d'hiver (Source : Label bas-carbone et Agribalyse)

Les 3 principaux postes d'émissions du blé tendre se répartissent donc entre la fertilisation, la production des engrais minéraux et le déstockage de carbone. En comptabilisant les émissions et le déstockage, les émissions s'élèvent à 3,35 tCO2eq/ha de blé, selon les hypothèses détaillées plus haut.

V. Leviers de décarbonation du blé tendre : du champ à la transformation

A partir d'une tonne de blé, le meunier obtient environ 800kg de farine et le boulanger environ 3 500 baguettes.

Ordres de grandeur de l'épi de blé tendre à la baguette de pain (©ReSoil, 2025)
Ordres de grandeur de l'épi de blé tendre à la baguette de pain (©ReSoil, 2025)

Pour réduire l’empreinte carbone d’une baguette de pain, les actions peuvent être menées au champ et en aval de la filière. Intéressons nous à l’exemple d’une baguette vendue en supermarché.

  • Le scope 1 : constitue toutes les émissions directes de gaz à effet de serre émises par le supermarché : le chauffage dans les locaux, les émissions des véhicules détenus par l'entreprise, etc.
  • Le scope 2 : regroupe les émissions indirectes et liées à l'énergie : ce sont les émissions créées lors du processus de production de produits. Cela représente votre empreinte carbone énergétique.
  • Le scope 3 : représente toutes les émissions indirectes de l'entreprise. Ce sont alors la production en amant de la baguette, à savoir le blé tendre au champ.

D’après Agribalyse, base de données environnementale de référence sur les produits agricoles et alimentaires portée par l’ADEME, l’empreinte carbone de la baguette de pain tradition française est à 50% due à l’agriculture.

Répartition des émissions par étapes du cycle de vie, (Source : Agribalyse, 2025)
Répartition des émissions par étapes du cycle de vie, (Source : Agribalyse, 2025)

1. Leviers de décarbonation à la production de blé tendre (scope 3 de la baguette de pain)

FERTILISATION MINERALE :

Deux stratégies sont envisageables : la première consiste à réduire ses émissions par un unité d‘azote, en changeant de forme azotée ou en ajoutant des inhibiteurs de nitrification.

  • Par exemple, choisir une forme d’engrais minéral moins volatile, en passant de la solution azotée à de l’ammonitrate 33,5 permet de réduire en moyenne de 10% ses émissions liées à la fertilisation azotée.
  • Si la forme liquide se prête davantage au parc de machine, il est possible d’ajouter des inhibiteurs de nitrification à la solution azotée et d’ainsi réduire de 10% ses émissions liées à la fertilisation.
  • L’utilisation couplée d’inhibiteur d’uréase et d’urée ou l’enfouissement de cette dernière dans les 12h permet de diminuer de 4% ses émissions de GES. Ces exemples ne pouvant se cumuler, on peut donc attendre au maximum une diminution de 10% des émissions de fertilisation avec ces leviers là.

La seconde stratégie consiste à réduire le nombre d’unité d’azote minéral apporté.

  • Par exemple une luzerne implantée pendant plusieurs années, permettrait de restituer jusqu’à 200 unités d’azote sur les 4 années suivantes. Ainsi un blé implanté après luzerne pourrait diminuer les apports d'azote de synthèse d'environ 50 et 100 unités.
  • Les outils d’aide à la décision peuvent représenter un autre levier. L’outil satellitaire permet d’avoir une vision d’ensemble de l’état de nutrition azotée du blé. Il permet de déduire un apport complémentaire préconisé par zone de chaque parcelle pour ainsi réaliser un apport au plus proche des besoins de chaque plante dans l’objectif d’atteindre le potentiel de rendement maximal. Ces outils permettent une modulation intra-parcellaire, économe en intrant et qui évite des pertes émettrices (lixiviation, volatilisation).

FERTILISATION ORGANIQUE :

Remplacer une partie de la fertilisation minérale par un organique permet de limiter certaines pertes d’azote par volatilisation ou lixiviation, car la libération des éléments nutritifs se fait de manière plus progressive. Ces apports permettent aussi de stocker davantage de carbone dans les sols agricoles. En fonction de la zone où la ferme se situe et des besoins en éléments du sol, différents engrais organiques seront pertinents (voir article concernant les engrais organiques).  Pour exemple, apporter 30t/ha de fumier permet de diminuer d’une vingtaine d’unité d’azote minéral par hectare et de stocker 1,8tC/ha.

TRAVAIL DU SOL :

Développer le déchaumage superficiel, voire le semi-direct, sur des terres et cultures qui s’y prêtent permet de réduire les émissions du travail du sol et réduire ses dépenses en carburant de respectivement 30% et 80%.

2. Leviers de décarbonation à la fabrication (scop 1 et 2 de la baguette de pain)

Chaque acteur de la filière agro-alimentaire est concerné par la thématique de la décarbonation : producteurs, stockeurs, transporteurs, transformateurs. Voici quelques exemples de levier de décarbonation des acteurs de l’aval.

TRANSPORT :

Chaque année ce sont 64 Mt de céréales collectées et transportées sur tout le territoire national. Aujourd’hui, 88 % d’entre elles sont acheminées par transport routier, 10 %par la voie fluviale et 2 % avec le ferroviaire. La filière cherche par exemple à développer davantage le transport multimodal, combinant les différents types de transport pour plus d’efficacité, et à accroitre les tonnages transportés par voie fluviale et ferroviaire.

Un travail est réalisé sur les flux de céréales afin de doter les entreprises de transport de marchandises d’un outil qui permettra d’avoir une vision précise et globale de la circulation des céréales sur le territoire. Cet outil permettrait d’anticiper les flux, de connaître leurs modifications et les reports pour mutualiser plus facilement les capacités, d’améliorer le report vers le modèle moins polluant à la tonne transportée et d’éviter les retours à vide des camions.

La meilleure alternative reste encore la consommation et transformation locale de la production, en organisant les territoires autour de logique de filière locale.

L’entreprise Oléo100 propose par exemple une alternative aux carburants fossiles, à partir de bio-carburant issus du colza. Remplacer le Gazole B7 par du Gazole B100 (bio-carburant) permet de réduire ses émissions de 60% par litre de carburant.

TRANSFORMATION  :

La thématique de l’énergie est centrale pour les unités de production. Des centrales solaires thermiques, des pompes à chaleur, la récupération de chaleur de machines, ou encore des chaudières biomasse pour alimenter représentent certaines alternatives. L’implantation par exemple de panneaux photovoltaïques puis l’autoconsommation de cette énergie produite permet de réduire également son empreinte carbone.

3 % de la récolte céréalière est aujourd’hui mobilisée en bioéthanol, pour une production d’environ 7 Mhl à base de céréales et de résidus amidonniers, accompagnée d’une production d’un volume équivalent de drêches de céréales riches en protéines pour l’alimentation animale. Cette filière bioéthanol participe ainsi à la décarbonation globale des activités humaines, grâce à une énergie issue du végétal. Au niveau européen, l’utilisation de bioéthanol permet une baisse moyenne de 72 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à un équivalent fossile (source : ePure2020).

Les différents acteurs de la filière agro-alimentaires sont interconnectés en terme de flux de matière et d’empreinte carbone. Les acteurs de l’aval peuvent aider à financer la transition bas-carbone des acteurs de l’amont. Cela permet à tous les acteurs de la filière agro-alimentaire de diminuer leur empreinte carbone respective (scop 1 des acteurs de l’amont et scop 3 des acteurs de l’aval). ReSoil conseille les acteurs de toute la filière agro-alimentaire pour accompagner les acteurs de l’amont et l'aval à réduire leur empreinte carbone. Pour comprendre davantage comment ces mécanismes fonctionnent, lisez l’article suivant.

Exemples de leviers de décarbonation : du champ à la transformation du blé tendre en baguette de pain (©ReSoil, 2025)
Exemples de leviers de décarbonation : du champ à la transformation du blé tendre en baguette de pain (©ReSoil, 2025)

Conclusion

Ainsi, le blé tendre confère une forte valeur nourricière et marchande nationale comme internationale à la France. Cette culture est utile dans de nombreux domaines : alimentation animale comme humaine, ainsi qu’applications industrielles. L’empreinte carbone du blé tendre se concentre principalement sur les émissions liées à la fertilisation et à leur fabrication.

Pour enclencher une transition, ce sont les différents acteurs de la filière agro-alimentaire qui sont tous cernés par la décarbonation. Chacun ayant un impact sur les scops des autres. Les acteurs ont une diversité de moyens d’action (financements collectifs, pratiques agricoles innovantes, outils d’aide à la décision, etc). Ainsi, la transition bas-carbone doit être pensée et mise en place collectivement ou elle ne sera pas. ReSoil accompagne les acteurs de l'amont, comme de l'aval dans leur décarbonation.

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